domingo, 8 de diciembre de 2019

L’Espagne n’a pas réagi comme une démocratie libérale face au défi catalan

Article publié le 25/11/2019 dans Le Soir: 
https://plus.lesoir.be/262659/article/2019-11-25/lespagne-na-pas-reagi-comme-une-democratie-liberale-face-au-defi-catalan



Voilà bientôt huit ans que l’Espagne est confrontée à la pire crise de son système depuis le retour de la démocratie. En réalité, il faudrait chercher bien en amont les causes du conflit qui l’oppose au nationalisme catalan. Celui-ci, majoritaire dans la région, avait tenté de modifier son Statut d’autonomie en 2005, mais le texte de la révision statutaire fut « raboté » (selon les mots du socialiste Alfonso Guerra) une première fois par le Parlement espagnol en 2006, puis une deuxième fois par le Tribunal constitutionnel, en 2010.

Le résultat : un Statut d’autonomie en vigueur mais qui n’est ni celui proposé par les représentants catalans en 2005 ni celui que les électeurs catalans ont voté lors du référendum de ratification en 2006 (l’abstention avait été très importante en réaction au « coup de rabot » du Parlement espagnol). Le nationalisme catalan sort de cette tentative de réforme avec un fort mécontentement, le sentiment que l’Espagne démocratique refuse d’avancer sur la voie des réformes de fédéralisation de son système et d’y accommoder les demandes catalanes. C’est ce sentiment d’abandon qui pousse en 2012 le nationalisme catalan, jusque-là partisan de la fédéralisation de l’État, vers l’indépendantisme (on passe de 10-15% dans les années 2000 à plus de 40% après 2010).

Nous connaissons toutes et tous la suite : des demandes catalanes de référendum (avec un soutien en Catalogne d’environ 70% de la population) rejetées systématiquement par le Gouvernement espagnol, puis face à cette situation de blocage, la pente glissante de la polarisation et de la voie unilatérale vers l’indépendance. Cette manœuvre catalane très hasardeuse et à bien des égards théâtrale se soldera tout de même par la répression étatique de la consultation illégale du premier octobre 2017 et l’enclenchement de l’article 155 de la Constitution après la déclaration d’indépendance fake du 27 du même mois, qui autorisait le Gouvernement espagnol à prendre le contrôle de l’administration décentralisée catalane.

La situation n’a guère changé depuis. Les récentes condamnations de plusieurs dirigeants et acteurs sociaux indépendantistes à des peines de prison allant de 9 à 13 ans pour des actes qui ont été qualifiés de « sédition », suivies de manifestations et de heurts dans les rues catalanes, montrent, si besoin était, qu’on ne peut pas régler un conflit politique territorial devant une Cour de justice (une Cour qui, de plus, est juge et partie…). L’arrêt de la Cour suprême a été rendu quelques semaines avant les élections générales du 10 novembre et a probablement boosté, si besoin était encore, le vote indépendantiste en Catalogne, laissant encore une fois un scénario dans lequel les partis indépendantistes catalans sont nécessaires pour pouvoir former un gouvernement de coalition de gauche.

Quelle serait l’alternative si cette coalition de gauche devait échouer faute du soutien de l’indépendantisme catalan ? Ou bien un gouvernement de coalition entre le PSOE et les conservateurs du PP, option qui laisserait l’extrême droite comme le premier parti de l’opposition et avec une avenue dégagée devant elle pour s’attirer le vote nationaliste conservateur, ou bien un troisième scrutin, qui montrerait que la question catalane non résolue bloque le système espagnol et le condamne à être en permanence en campagne électorale.

Comme on peut le constater, le conflit territorial n’a pas eu simplement un impact considérable en Catalogne. Le système espagnol tout entier en a subi les conséquences, avec quatre élections générales en quatre ans (la durée d’une seule législature !). Certes, la Catalogne ne peut pas trouver toute seule, de manière unilatérale, une solution au conflit territorial. Mais visiblement l’Espagne n’est pas gouvernable non plus en tournant le dos aux demandes catalanes. En jouant la carte de la dégradation du conflit, l’Espagne s’est auto-infligé des dommages très importants. Une attitude que l’on peut qualifier d’irrationnelle.

Qu’aurait dû faire une démocratie libérale si elle avait été confrontée au problème d’accommodement national posé par la Catalogne ? A l’évidence, pas ce que l’Espagne a fait. Et il faudrait insister sur ce point : cette crise politique ne touche pas seulement la Catalogne. C’est le système démocratique espagnol tout entier qui subit les conséquences d’une très mauvaise gestion politique du conflit, comme la situation de blocage précitée le montre amplement (l’espace restreint de cet article ne nous permet pas de parler de la détérioration de la démocratie et de l’État de droit en Espagne, en grande partie conséquence de la chasse menée par l’État contre l’indépendantisme catalan).

L’expérience comparée permet ici d’attirer l’attention sur d’autres démocraties libérales qui ont dû faire face aux mêmes demandes et revendications d’accommodement national. Nous pouvons penser au Canada avec le Québec, ou au Royaume-Uni avec l’Ecosse ; mais nous pouvons également penser à la Belgique, qui a été capable de modifier son système, notamment dans les années 1990 (la réforme de l’État commence, comme chacun sait, dans les années 1960-1970), pour trouver une solution au contentieux historique entre Flamands et Wallons. En fédéralisant son système et en donnant ainsi à la communauté flamande la possibilité d’être l’égale de la communauté wallonne au sein des institutions belges, et d’être la « reine », pour le dire avec Philippe Van Parijs (une queen), sur son territoire pour les compétences dévolues, surtout sur des questions aussi sensibles que la question linguistique, la Belgique a su pacifier le conflit communautaire. Le résultat peut être critiqué et n’est assurément pas parfait, mais les demandes de la communauté flamande ne sont pas demeurées sans réponse. Et le conflit semble avoir été résolu.

Il en va de même au Canada et au Royaume-Uni. Dans les deux cas, l’État n’a pas accepté de modifier son système pour intégrer les revendications québécoises (reconnaissance nationale, comme « société distincte ») et écossaises (la DevoMax), mais il a été assez souple et à l’écoute pour accepter, dans un cas (Québec), et autoriser, dans l’autre (Ecosse), la tenue d’un référendum sur l’indépendance. Les partisans du non l’ont emporté dans les deux cas et il y a fort à parier que, sans le Brexit, l’Ecosse aurait suivi le même chemin que le Québec, qui semble avoir tourné le dos au projet indépendantiste depuis le dernier référendum de 1995. Un référendum qui a ainsi permis de trancher un conflit politique grave pendant plus de vingt ans.

Il convient donc de dire que l’Espagne n’a pas agi comme l’aurait fait une démocratie libérale dans la gestion du conflit territorial. Une démocratie libérale aurait pu accepter de modifier son système pour accommoder les demandes catalanes. Si l’Espagne avait fait cela (si le Statut d’autonomie catalan révisé en 2005 n’avait pas été retoqué par l’État), elle n’aurait pas eu à gérer sa pire crise politique en quarante ans de démocratie, car le nationalisme catalan n’aurait tout simplement pas embrassé l’option indépendantiste.

Mais si l’Espagne ne voulait pas introduire des réformes jugées indésirables ou déplaisantes dans le seul but d’accommoder les demandes catalanes, et c’était bien entendu son droit le plus absolu et légitime, alors elle aurait dû s’inspirer des démocraties libérales avancées en la matière plutôt que de suivre l’exemple de ces autres nations démocratiques qui peuvent malheureusement devenir des prisons pour les peuples. Comme le dit la Cour suprême du Canada, dans un renvoi qui est devenu le leading case en la matière : « l’ordre constitutionnel [canadien] ne pourrait demeurer indifférent devant l’expression claire d’une majorité claire de Québécois de leur désir de ne plus faire partie du Canada » (§92). Si cela vaut pour la sécession, il doit en aller de même pour une demande majoritaire de réforme du système ou de recours à l’outil référendaire.

Enfin, il ne faudrait pas qu’on oublie le fondement libéral (civique) des nations démocratiques, auquel nous renvoient les mots de Renan : « une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou à retenir un pays malgré lui ». C’est bien là le principe de l’autodétermination des peuples que nous trouvons au cœur de la théorie libérale de la nation en démocratie. En ce sens, si l’Espagne ne voulait pas réformer son système pour faire droit aux demandes catalanes, elle ne pouvait pas refuser au peuple catalan le droit d’exprimer à travers l’outil référendaire sa volonté de se constituer en nation séparée ou bien de confirmer son attachement à la nation espagnole.



jueves, 21 de noviembre de 2019

Nación cívica


Sí, ya sé que están hartos de naciones y banderas. Y les entiendo, vaya si les entiendo... Permítanme con todo pedirles el esfuerzo de acompañarme en una reflexión que -espero- será tan breve como clara sobre el problema de fondo que encontramos en España con el procés. Creo que las dificultades que tenemos para entender cabalmente este conflicto vienen principalmente de nuestro enfoque sesgado, el cual con cierta frecuencia -más de la que sería deseable- nos lleva a fijarnos demasiado en los árboles, que nos entretienen sin duda mucho, y a perder de vista lo esencial: el bosque.

En este asunto el bosque es la nación cívica. ¿Qué es una nación? ¿Qué hace que una nación sea cívica? Estas son preguntas que han ocupado a los teóricos desde tiempo atrás. Y no solo a los teóricos de la nación. También, por supuesto, de manera más o menos explícita, a aquellos otros que han reflexionado sobre la democracia. Tengamos, pues, presente que hablamos de naciones que se consideran democráticas. No tendría sentido por ello hablar de nación cívica sin asociarla a la democracia.  

El enfoque sesgado al que me refería antes abusa de esta conexión íntima y necesaria entre democracia y nación cívica. De alguna manera -se explicaría- la existencia de una democracia (la española, por ejemplo) vendría a significar, sin necesidad de mayor argumentación, también la existencia de una nación cívica. Esta relación no plantea a priori problemas…, hasta que los plantea. Me refiero a que son muchas las democracias occidentales (EEUU, Alemania, etc.) que se presentan como naciones cívicas y que no han de enfrentarse al problema de ver discutida de una manera muy seria la legitimidad de su nación en una parte de su territorio. Esto es, en cambio, lo que ha ocurrido estos últimos años en Cataluña.

La teoría de la nación viene distinguiendo el modelo cívico del étnico. Aunque este distinguo tienda a ser discutido con razón desde hace ya algunos años por estudiosos (un ejemplo aquí) que entienden que toda nación proyectada por un nacionalismo adopta necesariamente ambas dimensiones (cívica y étnica), sí nos es de alguna utilidad para entender bien el significado de lo “cívico” cuando acompaña a la palabra “nación” o “nacionalismo”. No es poco habitual que se recurra a una conocida conferencia de Renan para ilustrarlo.

Renan escribe “¿Qué es una nación?” en el contexto del conflicto franco-prusiano, tras la derrota francesa en Sedán en 1870. En su conferencia introduce una novedad, que será la que defina en adelante lo “cívico” en las naciones democráticas. Frente a la concepción de la nación centrada en la cultura, la lengua, la religión (en lo cultural, aquello que se hereda de los antepasados: “la herencia que se ha recibido indivisa”, dice el francés), Renan viene a añadir a esos criterios la voluntad o el consentimiento de los ciudadanos. Lo hace con indudable oportunismo, pues de otro modo le habría resultado mucho más difícil a Francia reivindicar Alsacia y Lorena, ambos territorios de cultura y lengua germánicas. Pero lo hace, en cualquier caso, explicando que lo que realmente importa no es tanto que los ciudadanos tengan la misma lengua o compartan la misma cultura y costumbres, sino la voluntad de las poblaciones concernidas: “El voto de las naciones es, en definitiva, el único criterio legítimo, aquel al cual siempre es necesario volver”.

Independientemente de que este modelo teórico sea o haya sido más o menos seguido en la práctica, conviene subrayar que no hay la más mínima duda, ni entre los teóricos, desde luego, ni tampoco -creo- entre los ciudadanos que viven en sociedades democráticas, sobre la importancia de la dimensión voluntarista para la nación cívica: cuando ésta deja de tener el apoyo de los ciudadanos y solo se puede sostener en un determinado territorio mediante el recurso a la fuerza y a la imposición, esa nación decide darle la espalda al modelo cívico. Como lo decía Renan: “Una nación no tiene jamás un verdadero interés en anexarse o en retener a un país contra su voluntad”.

No es necesario alargar más la explicación. Con lo dicho creo que se puede ya concluir. España ha tenido que ver, por desgracia (lo expreso así porque estos son ciertamente problemas graves y desagradables para todos), cómo su legitimidad nacional ha sido contestada en Cataluña, en donde ha surgido un proyecto independentista, es decir, de organización de la nación catalana como Estado separado. Este tipo de problemas no se pueden enfrentar en democracia liberal (esto es lo que no dice la teoría) negándose o ignorándose, desde una inmovilidad difícilmente justificable. Una nación cívica que ve discutida su legimidad en una parte de su territorio tiene la obligación moral -si se toma en serio la teoría de la nación democrática y liberal- de someter a voto la cuestión de la pertenencia nacional de la población de ese territorio.

Nótese que éste no es un enfoque preocupado únicamente por la posibilidad que ha de ofrecérsele a toda comunidad humana territorialmente concentrada de disponer libremente de sí misma, y de este modo de organizarse políticamente de la manera que entienda oportuna. Esto parece importante, por supuesto, en la perspectiva teórica mencionada. Se trata también de un enfoque preocupado por la propia legitimidad democrática de la nación del Estado a lo largo y ancho de su territorio. El recurso al voto, como han podido hacer sin mayores problemas Quebec en Canada y Escocia en el Reino Unido, es lo que define a la nación cívica en la gestión de este tipo de problemas. Y en ambos casos la nación cívica del Estado salió reforzada.

Creo que es importante dejar esto claro. Por muy democrático que sea el Estado español (lo que no le impide hacer cosas extrañas con cierta frecuencia…), y por muy cívica que sea su nación en general, puede afirmarse categóricamente que en la gestión del conflicto catalán no ha hecho lo que debe hacer una nación cívica. Una nación cívica nunca debería temer buscar la legitimidad perdida en un territorio por medio del voto ciudadano. Porque sin ese voto (y sin proponer ninguna otra salida, por otro lado), no puede recobrar la legitimidad democrática allí perdida.




miércoles, 6 de noviembre de 2019

¿Uno o dos pueblos?


Han generado controversia y algo de debate estos últimos días las declaraciones de diferentes líderes políticos españoles sobre la existencia de dos pueblos diferentes en Cataluña, contradiciendo así el conocido lema: un sol poble. A estas declaraciones ha reaccionado Xavier Domènech, con un artículo que me ha parecido situarse más en una perspectiva política y voluntarista (la de aquella persona que quiere que veamos la realidad como ella quiere que sea) que realmente analítica y explicativa de la cuestión.

¿Es (o hay en) Cataluña uno o dos pueblos o naciones?

Permítaseme empezar diciendo que tenemos, en mi opinión, un problema grave de comprensión de lo que implica un contexto en el que se desarrollan en competición en un mismo territorio dos procesos de construcción nacional, con sus respectivos nacionalismos y proyectando sus respectivas naciones o pueblos. En nuestro caso sería el pueblo catalán (objeto de preocupación del nacionalismo catalán) y el pueblo español (objeto de preocupación para el nacionalismo español).

En estos procesos imbricados de construcción nacional, a imagen y semejanza de las muñecas rusas, uno de ellos (el catalán en nuestro caso) se desarrolla en el marco (en la muñeca grande) del otro (el español). No son procesos que corren, pues, paralelos, como si estuvieran en el mismo plano o fueran simétricos, sino que discurren en una relación constante de dominante a dominado. Esa situación, en la que de manera muy natural los ciudadanos impactados por ambos procesos de nacionalización van a poder desarrollar afectos y lealtades duales (de intensidad con todo diferentes) es, creo, la razón principal que lleva a que puedan percibir a la nación dominada (a efectos de considerarla pueblo en el sentido pleno de la palabra) como menos dominada de lo que está, y teniendo una salud y apoyo que dista mucho, en realidad, del que tienen los pueblos que sí son plenamente dueños de sí mismos.

Para entenderlo mejor puede ser útil, quizás, abandonar un momento este complejo contexto de naciones imbricadas en el que, como decía, parecemos tener dificultades para hacer una buena lectura de la realidad, y tratar de hacernos la misma pregunta pero en un contexto más claro. Creo que esto debería permitirnos ver que nuestra percepción de la cuestión nacional se encuentra en ese contexto de naciones imbricadas contaminado por la referida relación o lógica de dominación, una lógica a la que puede interesarle, dicho sea de paso, que la veamos con ojos quizás más miopes.

Pensemos en Francia. Francia es una nación o un pueblo. Creo que esto muy pocos lo discutirán, al menos si aceptamos por un momento dejar de lado matices importantes sobre su composición plural interna. Hagamos un esfuerzo y tratemos de imaginar ahora una situación en la que se plantea en Francia su anexión a Alemania como un Land más entre los otros. Ojo, no se trata de una unificación de ambos pueblos, sino directamente de la entrega de la soberanía francesa al pueblo alemán. Preguntémonos ahora si alguien consideraría con un mínimo de seriedad que en ese debate interno francés sobre la anexión a Alemania la posición favorable a la anexión sería aquella que mejor defendería el carácter nacional o de pueblo de Francia. Sinceramente, no creo que eso pudiera pasar. La posición que defendería con coherencia la dignidad y plenitud del pueblo francés como pueblo dueño de sí mismo sería sin lugar a dudas la que apostaría en dicho caso por su independencia, rechazando renunciar a seguir siendo un Estado independiente. ¿Alguien duda de lo que decidiría el pueblo francés? ¿Alguien piensa seriamente que habría un porcentaje mínimamente importante de ciudadanos que aceptarían ponerse bajo la tutela del pueblo alemán e in fine quizás acabar convirtiéndose en ese otro pueblo?

El ejemplo es pura ciencia ficción, por supuesto. Pero espero que haya dejado claro lo que me interesa subrayar. Volvamos a Cataluña.

Durante muchos años la acción del nacionalismo catalán pudo encontrar consensos amplios en torno a temas vertebradores para el catalanismo como la lengua o el autogobierno. Recordemos el apoyo parlamentario al Estatut. Esa situación podía ciertamente dar la impresión de que en Cataluña había políticamente una nación claramente dominante (la catalana) y otra (la española) bastante minoritaria. Esto no ha ayudado ciertamente a ver la situación con la debida claridad estos últimos años. Recordemos que hasta no hace mucho el PSC podía ser contado (sin que resultara chocante) como parte del nacionalismo catalán. ¿Quién diría sin embargo hoy -fuera de la caverna españolista- lo mismo?

Que los instrumentos con los que se venía analizando y explicando el contexto catalán anterior al procés no eran quizás ya pertinentes (pensemos por ejemplo en el concepto de “catalanismo”) para dar cuenta de la situación (diferente) que vino luego se vio cuando el nacionalismo catalán dio el salto de esos consensos forjados en el autonomismo (no olvidemos que éste es el sistema creado por el nacionalismo de Estado) a la reivindicación del derecho a decidir, que, como ha podido decir con tanta gracia como buena vista Xacobe Bastida, no era sino la reivindicación del derecho de autodeterminación pero “con un buen asesor de imagen”.

El paso dado hacia la autodeterminación por el nacionalismo catalán supone para un pueblo o nación, para el proceso de nacionalización que los proyecta, el último y más importante de todos los pasos. Más allá solo queda ya la libertad y responsabilidad de organizarse como mejor guste. Y por eso este paso resulta ser el mejor metro para medir la voluntad de ser pueblo o nación de una comunidad humana territorializada. Mucho más pertinente, en cualquier caso, que cuestiones aisladas como la lengua o el autogobierno, pues con la independencia el pueblo decide poder decidir sobre absolutamente todo lo que le afecta, y no únicamente sobre aquello que otro pueblo (el español en nuestro caso) ha decidido que puede gestionar de manera “autónoma”.

Pues bien, ¿qué nos ha permitido ver la demanda de autodeterminación promocionada por el nacionalismo catalán? Creo que todos hemos podido apreciar cómo el amplio consenso sobre la lengua o el autogobierno se deshacía rápidamente, quedando en evidencia un conflicto político en el que se enfrentaban dos bloques de tamaño similar, el independentista y el no independentista. Volvamos a Francia, ¿alguien piensa que…? ¿Alguien piensa que un pueblo puede estar dividido sobre algo tan importante para su futuro político como pueblo y seguir reivindicando ser un solo pueblo como si nada?

¿Por qué lo que parece tan evidente con un pueblo como el francés, el alemán o cualquier otro pueblo o nación en el pleno sentido político de la palabra (que no es otro que su capacidad absoluta de autoorganización, que no tienen, por ejemplo ni el País Vasco ni Cataluña) nos resulta más difícil de percibir en ese contexto de naciones imbricadas? Es un tema sobre el que creo que deberíamos reflexionar más porque es muy probable (no hace falta ser un discípulo de los maestros de la sospecha para formular tal hipótesis) que la muñeca grande nos esté haciendo ver cosas que no hay. Y no olviden a Billig, quien nos recordaba que los nacionalismos dominantes consiguen que no veamos cosas que están presentes, delante de nuestras narices, en nuestro día a día. ¿Y si también fuera cierto en sentido contrario y viésemos cosas (como espejismos) que el sistema dominante quiere que veamos y como quiere que las veamos?

Permítanme terminar diciendo que aunque esto que he comentado sea discutible (y tanto mejor si lo es), creo que aquellos que más duden de mi razonamiento deberían al menos reconocer que en nuestro mundo hay pueblos o naciones plenas (con esa capacidad de autoorganización completa de la que les hablaba) que son a las que comúnmente llamamos pueblos o naciones. Esto debería ser razón suficiente para al menos marcar la debida diferencia con aquellos otros pueblos o naciones en el seno de las cuales una parte de la población puede aspirar a ser algún día un pueblo o nación plena, considerándose la otra parte ya como pueblo o nación plena. Esto es lo que parece estar pasando en Cataluña, en donde una mitad de catalanes parece percibirse como pueblo o nación catalana a todos los efectos, mientras que otra mitad parece percibirse como pueblo o nación catalana solo a unos pocos efectos, y en cambio como nación o pueblo español (pleno) a todos los restantes. Los más importantes.